Le Kodokan Judo, quelques éléments de repère historique :

 

 

En janvier 1882 (an 15 de l’ère Meiji), un universitaire japonais nommé Jigoro Kano crée le judo à Tokyo.

Il invente cet art martial pour que tout le monde puisse le pratiquer sans risque. Jigoro Kano s’appuie sur les jiujutsus anciens et supprime les techniques dangereuses et garde les projections, les luxations (des membres supérieurs), les étranglements, et les frappes.

Il enlève aussi les projections à risques, les luxations de jambes et les mouvements inutiles. Les techniques de frappent ne se feront qu’en kata (Kime no kata).

Ce nouvel art martial est une synthèse de tout ce qu’a appris Jigoro Kano.

Au-delà d’être une pratique martiale, le judo est, pour Jigoro Kano, un vecteur d’éducation et d’émancipation individuelle et collective.

 

Agé de 22 ans, Jigoro Kano installe son premier dojo au temple bouddhique d’Eisho-ji (Tokyo).

Son premier élève fut Tsunejiro Tomita, inscrit sur le registre en date du 5 juin 1882. D’autres élèves entrent ensuite : Higuchi Seiko, Arima Junshin et surtout Saigo Shiro à l’automne 1882.

En fin d’année, 9 élèves pratiquent sur 12 tatamis.

1884-1885, Jigoro Kano élabore deux premiers katas (les katas de randoris) : le Nage-no-kata (forme des projections) selon un déroulement de 10 techniques, et le Katame-no-kata (forme des contrôles), selon également une dizaine de techniques.

Assez vite le temple d’Eisho-ji fut peu adapté à la pratique du judo. C’est le début d’une succession de déménagements pour Kano et ses élèves, au fur à mesure du développement de l’école du Kodokan.

Cette évolution attisa la jalousie et la rivalité avec des écoles de ju-jutsus traditionnels. Concrètement, les provocations, les défis voire les combats entre disciples d’écoles différentes étaient l’occasion de prouver la supériorité de l’enseignement de leur art martial.

Entre 1885 et 1889, installé au dojo de Fujimi-cho (Tokyo), l’école de Jigoro Kano allait peu à peu s’imposer de façon définitive.

En mai 1885, Terushima, champion représentant l’école de police de Tokyo défia l’école du Kodokan.

Saigo Shiro fut choisi pour relever le défi. Il entra dans la légende en sortant victorieux grâce à une technique « Yama arashi » (littéralement « Tempête dans la montagne »).

D’autres défis furent remportés par les champions du Kodokan permettant à Jigoro Kano et ses principes de gagner du prestige et une place importante dans la société japonaise.

L’histoire retiendra quelques noms de disciples ayant permis au Kodokan de s’imposer aux côtés de Saigo Shiro : Tsunejiro Tomita bien sûr, Yamashita Yoshitsugu et Yokoyama Sakujiro.

Ces 4 disciples de Jigoro Kano furent surnommés les « Kodokan Shiten’no », les quatre gardiens célestes du Kodokan (voir éléments biographiques par ailleurs).

Jigoro Kano avait étudié les ju-jutsus traditionnels, il a souhaité les sauvegarder et les moderniser en créant le judo.

Ainsi, Jigoro Kano, en mémoire et en hommage à son maître de l’école de Kito, a créé le Koshiki-no-kata (forme antique) qui est un kata issu du ju-jutsu traditionnel.

A partir de 1894, Maître Kano était soutenu pour l’enseignement par des judokas haut-gradés.

En 1899, l’école du Kodokan comptait près de 600 élèves.

A partir de 1905, le judo fut enseigné dans les écoles et les universités.

1906, Jigoro Kano ajoute des techniques au Nage No Kata et au Katame No Kata pour une forme définitive de 15 projections (Nage No) et 15 contrôles (Katame No).

1907, Jigoro Kano termine l’élaboration du Kime-no-kata (forme de décision). C’est un kata de combat, avec une étude de l’esprit de décision du pratiquant (technique visant les points vitaux de l’adversaire).

Le début du 20ème siècle voit peu à peu apparaitre d’autres écoles de judo, le Kodokan perdant de plus en plus l’exclusivité de cet enseignement.

Le temps des pionniers est désormais révolu…

(éléments bibliographiques principaux : Habersetzer (G et R), L’ultime encyclopédie des arts martiaux, édition Amphora / Revue Yashima,  septembre 2019)

Les quatre gardiens du Judo Kodokan de Jigoro Kano:

Ces quatre judokas ont permis au judo de Jigoro Kano de se développer au Japon à la fin du 19ème siècle.

Ils sont restés dans l’histoire comme les “quatre piliers” ou les “quatre gardiens du Kodokan”

Tsunejiro Tomita (1865 / 1937)

Tsunejiro Tomita (1865 / 1937), né Tsunejiro Yamada, fut le premier disciple de judo de Jigoro Kano.

Son nom apparait dans la première ligne du livre d’inscription du Kodokan dojo.

Avec son camarade judoka Shiro Saigo, Tomita est devenu le premier de l’histoire du judo à être devenu “Shodan” (c’est à dire premier Dan, premier grade de la ceinture noire) par le fondateur du judo Jigoro Kano.

Kano avait établi ce système de classement de grade qui est désormais couramment utilisé dans divers arts martiaux à travers le monde.

Tomita fut connu comme l’un des quatre gardiens du Kodokan pour ses efforts victorieux contre les écoles de jujutsu, ce qui a permis au judo d’être reconnu et de se développer.

Il a reçu le septième Dan (à son décès) le 13 janvier 1937.

Shiro Saigo (1866 / 1922) est né le 4 février 1866, sous le nom de Shida. 

A ses neuf ans, il est adopté par Tanomo Saigo et prend son nom.

Au Kodokan dojo, il fut surnommé le “chat du Kodokan” depuis un combat devenu légendaire…

Un jour, l’école du Kodokan de Jigoro Kano reçut un nouveau défi.

Shiro Saigo fut désigné pour combattre avec Entaro Koshi, une sorte de géant patibulaire surnommé le “démon de l’école Tokuza”.

Pendant le combat, Saigo esquivait simplement les attaques de Koshi et semblait se moquer de ses multiples tentatives.

A un moment, Koshi réussit à attaquer Saigo, le soulevant alors à la hauteur des épaules et le projeta à terre de toutes ses forces.

Mais Saigo, en véritable chat, réussit à retrouver son équilibre (avant de toucher le sol) et réussit à se retrouver en face de Koshi.

Koshi fut surpris et Shiro Saigo en profita pour le faire basculer par-dessus son épaule avec une de ses spécialités techniques : une projection devenue célèbre (mais aujourd’hui non utilisée) la technique “Yama Arashi”.

Ce combat gagné était l’un des premiers pas de l’ascension pour l’école du Kodokan crée par Jigoro Kano.

Shiro Saigo mourut le 23 novembre 1922. Il reçut le sixième Dan à titre posthume par Jigoro Kano.

Shiro Saigo (1866 / 1922)
Yokoyama Sakujiro (1864 / 1912)

Yokoyama Sakujiro (1864 / 1912) fut l’un des premiers disciples de Jigoro Kano.

Yokoyama est né en 1864 à Sainomiya (Tokyo). Il était un étudiant des écoles d’arts martiaux traditionnels de Tenjin Shin’yo-ryu sous Inoue Keitaro ; dans le Yshima Tenjin Dojo ; mais aussi formé à Kito-ryu.

Il a rejoint la police dans la préfecture de Yamaguta et est devenu un étudiant de Daito-ryu Aiki-jùjutsu dans le dojo de Takeda Sokaku.

Yokoyama avait 22 ans quand il entra dans le Kodokan dojo de Jigoro Kano en avril 1886. Il a aidé Kano dans le développement de l’école du Kodokan.

Il a reçu le septième Dan en octobre 1904, qui était le plus haut grade de judo à ce moment.

Yokoyama était considéré comme le plus redoutable de tous les experts de judo de son époque, ce qui se reflétait dans son surnom : le “démon Yokoyama” (Oni Yokoyama).

Yoshitsugu “Yoshiaki” Yamashita (1865 / 1935) est né à Kanazawa (Ishikawa) en 1865. Son père était un samouraï de classe.

Yamashita fut la première personne du Kodokan dojo à recevoir la ceinture rouge (Judan) correspondant au dixième Dan.

Il fut aussi l’un des pionniers du judo aux Etats-Unis.

Comme beaucoup de garçons de son époque, Yamashita fut formé dans les écoles d’arts martiaux traditionnels (Koryu), celles de Yoshin-Ryu et Tenjin Shin’yo-ryu jujutsu.

En août 1884, il a rejoint l’école du Kodokan de Jigoro Kano à l’âge de 19 ans.

Il a avancé au premier Dan (noire Shodan) en trois mois, quatrième Dan (Yondan) en deux ans, et siximèe Dan (Rokudan) en quatorze ans.

Yamashita fut membre de l’équipe Kodokan qui a partcipé au tournoi des équipes de jùjutsu de la police métropolitaine de Tokyo pendant le mileu des années 1880.

Pendant les années 1890, Yamashita cumule les fonctions d’enseignement de judo à l’académie impériale navale du Japon et à l’université impériale de Tokyo.

Yoshitsugu Yamashita (1865 / 1935)

(Éléments bibliographiques principaux : traduit des données anglaises de Wikipédia / revue Yashima, septembre 2019).